Sources :
_ cours d’histoire de 1ère année
_ bibliothèque de l’Assemblée Nationale
_ archives nationales
_ rapports de stages de 3ème année
_ mémoire de fin de cycle sur les Gnongnosés
En mémoire à mon imminent Professeur Feu Nurukyor Claude SOMDA
Qui anima ce cours avec beaucoup d’aisance et de passion positive.
Préparé et rédigé par :
Bougouma
Roch Omar
Etudiant
en 2ème année Sces Sociales (2007)
Departement
de Sociologie.
01BP 1290 Ouaga 01 BF
+226.76.63.32.47
/
HISTOIRE
DES FORMATIONS SOCIALES DU BURKINA FASO
INTRODUCTION GENERALE
Les contacts entre et l’Europe datent du XVè s jusqu’au XIX è s
pendant les temps coloniaux. Les occidents ignoraient tout du continent noir
car ils se sont contentés de faire du cabotage avec les peuples côtiers. Ils
pensaient donc que l’Afrique toute entière vivait dans les ténèbres et que les
noirs vivaient comme des barbares. Pour eux, ils apportaient de la lumière par
le biais de la colonisation, à des peuples barbares et cannibales.
Antonio : « les africains
vivaient comme des animaux on ne peut donc pas croire qu’ils se nourrissaient
de la chaire humaine. » Le cœur de l’Afrique
battait à peine renchérissaient d’autres.
Cette idée de l’Afrique sauvage, barbare, sans histoire a vécu
longtemps Pr. Hugh Roper TREVOR : « Peut
être que dans le futur il y’aura une histoire de l’Afrique à enseigner. Jusqu’à
présent il n’y a que l’histoire des européens en Afrique, le reste n’est que
ténèbres ».
Pr. M PERHAM : «
jusqu’à la très récente pénétration européenne, la plus grande partie du
continent africain était sans houille, sans charrue, sans maison en pierre, ni
des vêtements exceptés ceux en peaux, sans écriture »
(Les ruines de Lorépéni
à Gaoua dans le sud ouest du BF et les gravures rupestres dans les grottes de Banfora à l’Ouest démentent
les dires de ce cher Pr.
L’Européocentrisme est justement cette conception selon laquelle
les peuples du tiers monde en général, et de l’Afrique en particulier, n’ont
pas d’histoire, la seule et la vraie histoire étant uniquement celle de
l’Europe.
Les africains n’ont aucun complexe à nourrir par rapport à cette
théorie. Si l’histoire se définit comme étant la résurrection du passé,
l’Afrique noire en particulier et les peuples du tiers monde en général ont bel
et bien une histoire.
Mieux l’Afrique a bénéficié d’une brillante civilisation dont
certaines ont fait l’admiration du monde entier au Moyen âge :
- Empire Sonrhaï
- Empire Mandingue avec Kankan Moussa et son pèlerinage a la
Mecque en 1324 accompagné de 500 esclaves tenant une canne en or chacun. Le
cours de l’or baissa sur toute sa trajectoire pendant des décennies.
- Empire du Ghana
- Empire Dahomey
- La civilisation Egyptienne
Conception européocentrisme : point d’écriture, pas d’histoire.
Les preuves écrites ne sont pas les seules sources pour élaborer
l’histoire. Elles sont des preuves parmi tant d’autres. Joseph Ki ZERBO
historien burkinais disait que l’homme a rendu historique tout ce qu’il a
touché de sa main créatrice depuis le bois le plus vulgaire jusqu’au bijou le
plus précieux. Il en ressort donc que les matériaux pour élaborer l’histoire du
BF sont multiples et variés.
I-
LES MATERIAUX POUR
ELABORER L’HISTOIRE DU B.F
L’histoire n’est pas une science immédiate, l’historien a besoin
de recul pour savoir. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’histoire sans
documents. Les documents servent de matériels pour cette élaboration. Les
documents sont des témoignages, c’est à dire toute manifestation, toute preuve,
tout reste du passé (poterie, cendre de foyer, ossements, pouvoir métaphysique)
En matière d’élaboration de l’histoire du BF, nous avons quatre
sources principales : l’archéologie, les traditions orales, les sources
écrites, les sources audio visuelle.
1-L’archéologie
C’est une source capitale qui révèle des civilisations entières et
comme le dit le Pr. J.K.ZERBO, elle occupe une place de choix car vivant dans
les strates de terrains lorsqu’on feuillette les livres du passé. Elle permet
d’exhumer des civilisations entières.
Exemple : les nécropoles dans les villages de Gaoua et dans les régions
de l’Oudalan
Les ruines de Lorépéni,
les villages abandonnés (Banfora, Dano, Bobo,Arbinda…)
Les abris aménagés sur
roches (les grottes de Beregadoudou)
Les falaises de
Gobnangou, les grottes de Tempée (Diébougou)
Les gravures rupestres
(Ouest du BF)
Par ailleurs nous avons
plusieurs types de sites insolites au BF :
Le baobab sur la route
de l’hôpital,
La chaîne sans fin de
Naaba Kango
Les marches du cheval
de Diaba LOMPO sur la colline
Les sites
archéologiques d’extraction du fer, de l’or.
2-Les Traditions orales
Elles demeurent les principales sources de l’élaboration de
l’histoire du BF. D’aucun affirment que sans elles, on ne peut élaborer une
histoire valable. Elle se définissent comme étant l’ensemble de tous les
témoignage transmises verbalement par un peuple sur son passé.
Les principaux détenteurs des TO, les traditionalistes, sont tous
ceux qui ont vu et qui ont entendu et qui peuvent transmettre : les vieillards,
les griots qui sont les détenteurs privilégiés pour l’avoir comme métier, les
conteurs, les instituteurs, les musulmans lettrés, les gardiens des tombes
royales, les chanteurs, les porteurs de légende, les chefs de terre, les
maîtres d’initiation, les divins, les chefs de caste, les patriarches, les
lignages patri-familiaux.
Amadou Hampaté BA disait en cela que : « En Afrique, chaque vieillard qui meurent est une bibliothèque qui
brûle. »
3- les sources écrites.
Il y’a principalement trois sources :
- les sources précoloniales : elles sont peu
abondantes au Burkina Faso et cela s’explique par l’enclavement du pays. Ces
sources sont arabes et appelées Tarick, on a le Tarick El Soudan, le Tarick El
Fita. Elles sont aussi rarement portugaises, espagnol. Aussi grâce aux
explorateurs comme Binger, Henri Bat, Crusoé, nous avons certains écrits sur
les Mossis et les prémossés.
- les sources coloniales : (1894-1960) pendant cette
série plusieurs documents traitent de l’histoire du BF, ce sont principalement
tous les textes administratifs émanant des commandants et des grades cercles
- les sources post coloniales qui sont très
nombreuses. Etant donné la multiplicité des archives, l’université a contribué
considérablement à cette époque à consolider l’histoire du pays en sources
écrites à travers les thèses.
4- les sources audiovisuelles
Ce sont des sources qui émanent des nouvelles technologies : les cassettes,
la radio, la télévision, les ordinateurs….
II-RECENSEMENT DES FORMATIONS SOCIALES DU B.F.
Les formations sociales du BF sont multiples et variées. Il existe
une soixantaine de groupes ethniques. Nous avons :
1. Les Birifor
2. Les Bissana (4ème groupe)
3. Les Blé
4. Les Bobo-mandarin
5. Les Bolons
6. Les Burkinba
7. Les Bwabas (7ème groupe)
8. Les Dagara
9. Les Dagara-dioula
10. Les Dagara-lobr
11. Les Dagara-wilé
12. Les Djans
13. Les Dogons ou Kibsi
14. Les Dorhossiers
15. Les Fulbés ou Peulhs (2ème groupe)
16. Les Fulssés
17.Les Gans
18.Les Gnongnosés
19.Les Gouins ou les Cirimba
20.Les Gourounssi (5ème groupe)
21.Les Gulmancéba (3ème groupe)
22.Les Haoussé
23.Les Kambonsés
24.Les Kamolo
25.Les Karaboro
26.Les Kassena
27.Les Komono
28.Les Kossono
29.Les Koulambo
30.Les Kô
31.Les Kurumba
32.Les Lèla
33.Les Lobis
|
34.Les Maramsés,
35.Les Marassé
36.Les Marka ou Dafing
37.Les Mossés (1èr groupe en nombre)
38.Les Nabè
39.Les Nakana
40.Les Nakoro
41.Les Natchioro
42.Les Ninsi
43.Les Nionionsés
44.Les Nombassés
45.Les Padoro
46.Les Pana
47.Les Pougouli
48.Les Samogo
49.Les Sana (6ème groupe)
50.Les Sembla
51.Les Senoufo
52.Les Sénoufos
53.Les Siamou
54.Les Silmi-mossé
55.Les Sukomsé
56.Les Teguessier
57.Les Tiéfo
58.Les Toussiants
59.Les Turka
60.Les Vigués
61.Les Wara
62.Les Yaarsés,
63.Les Yana
64.Les Yéri
65.Les Zaossés
66.Les Zara…
|
A l’étape actuelle de nos connaissances historique, nous pouvons
affirmer et établir des similitudes et des dissemblances entre les formations
sociales du BF. Elles s’observent au plan géographique, au plan linguistique,
au plan chronologique, au plan socio-politique, et culturel.
1-Sur le plan chronologique
Nous avons 3 groupes : les peuples autochtones, les peuples venus d’ailleurs
et les populations hybrides.
- a) Les peuples autochtones ou peuples les plus anciennement
installés occupaient leur territoire
avant le XVè s (la limite des connaissances empêche de voir plus
loin). Nous avons les Dogons, les Kurumba, les Gnongnosés, les Ninsi,
les Sukomsé , les Sénoufo, les Bwaba, certains Bobo, les Gourounsi.
Nous avons aussi certains gulmaceba. Ce sont des peuples
voltaïques.
L’histoire de la mise en place de ces peuples est male connue,
donc l’homme dans son imagination a fait appel aux mythes et aux légendes pour
justifier l’antériorité de ces peuples avant le XVè s.
- b) Les peuples récemment installés, ce sont des peuples allochtones qui ont occupés leur
territoire géographique après le XVè s et sont d’origines diverses. Certains
venus du Macina (Mali actuel) : les Yaarsés, les Sana, les Fulbé.
D’autres sont venus du Ghana actuel : les Mossi Nakomsé, les
peuples du sud ouest du BF. D’autres par contre sont venus de l’Est : les
Burkinba qui conquièrent le Gulma.
- c) Le brassage de ces peuples a engendré au cours
de l’histoire de nouveaux groupes sociaux : ce sont les peuples hybrides. Qui sont devenus des entités à part
entières : les Silmi-mosse, les Dagara-dioula, les Zara ou Bobodioula.
2- Sur le plan linguistique et géographique
Il existe aussi des ressemblances et des similitudes. Il y a par
ailleurs plusieurs groupes linguistiques. Entre autres nous avons :
- a) Le groupe
Niger congo avec les langues Gur (Dagara, Lobiri) ou voltaïques, les langues
Mandingue (Bissana, Bobo-sia, Bwamu, San).
- b) Les langues du groupe
Nilo-saherien : le Djerma, le Sonrhï, le Tamachecque.
- c) Les langues
Chamito-semitique : le Berbère, le Tchadique ou Haoussa
- d) Les langues
des groupes non classés : le Karaboro, le Sinakélé, les langues
Ouest atlantique, les langues Kru, les langues Dogon
Les espaces géographiques ont été occupées soient culturellement
ou administrativement
3- Sur le plan politique,
Les populations peuvent être regroupés en deux catégories à
savoir, les sociétés à pouvoir centralisé et les sociétés sans pouvoir
centralisé. Pour la première catégorie on a les Mossés, les Gans, les
Gulmancéba, et les Fulbés. Dans ces sociétés le pouvoir est la propriété d’une
famille, d’un clan. Il existe par conséquent une autorité centrale faisant
office de décideurs sur toute la population.
Claudette SAVONNET : « les sociétés à pouvoir centralisé possèdent
une autorité centralisée, un appareil administratif, des institutions
judiciaires et ou les différentiations sociales reposent sur la richesse, les
rangs, les statuts et les rôles, rendent compte de la distribution du pouvoir
et de l’autorité. »
Quand au second groupe, ce sont tous les autres groupes sociaux. Ils
sont cependant divisés en deux catégories :
« Les communautés villageoises » ou « civilisation du
village ». Selon le Pr. Jean Capron ces concepts désignent une unité
toute à la fois lignagère et territoriale. Le village produit des institutions
démocratiques originales et permet l’apparition des formations
socioprofessionnelles nées de la division du travail, de la spécialisation
professionnelle. Dans ces sociétés, le village est intégré au cœur du paysage
et est considéré comme l’entité politique par excellence. L’homme est un tissu
social à deux dimensions : lignagère et
villageoise. Il s’agit des Bwaba, Bobo, Sans, Dogon, Marka. Son
autonomie s’exprime dans ses relations amicales et conflictuelles avec ses
voisins. Le sentiment d’appartenir à un village l’emporte sur celui
d’appartenir à un lignage.
Le patrimoine géographique y est donc rigoureusement prôné.
Les sociétés lignagères, elles
sont définies comme des sociétés où font défaut des attributs d’un gouvernement
central et où, en l’absence de division tranchée de rang, de statut, et de
richesse, la distribution du pouvoir et l’autorité obéit à des critères
différents : l’age, le sexe, l’assise sociale de l’individu. Dans ces sociétés,
le lien essentiel est la parenté, le patrimoine biologique est privilégié au
dépend de celui géographique, l’unique source de l’autorité s’exerce sur les
parents et réside dans la séniorité quand il s’agit d’un individu et à
l’antériorité d’occupation quand il s’agit d’un lignage.
Par ailleurs il n’y a pas d’élection dans ces sociétés, c’est
plutôt par cooptation, par primogéniture. Le choix des responsables n’incombant
pas aux vivants. Ils croient fermement aux puissances surnaturelles, l’ordre de
la société est établi par les ancêtres. Les responsables sont pour ainsi dire
inamovibles, ce qui explique l’équilibre au niveau de la famille (chef de
famille), au niveau du village (Teng-soaba), et au plan sous régional quand
nous dépassons les villages, nous avons les devins, les oracles, les maîtres
d’initiations. Nous rencontrons entre autres comme ethnies les Gnongnosés,
Birifor, Lobi, Djan, Gourounsi, Gouin…. On les désigna par « société acéphale »
4-Sur le plan social,
On rencontre des sociétés patrilinéaires où l’enfant reçoit ses
droits et devoirs de la famille de son père, des sociétés matrilinéaires dans
lesquelles l’enfant hérite de sa mère (Gans, Karaboro, Gouins). Nous aussi des
sociétés à double descendance parentale (surtout dans le sud ouest du pays :
Lobi, Birifor, Dagara, Djan,…). Dans ce dernier système, la filiation est
bilinéaire. La descendance maternelle ne se transmet uniquement que par les
femmes, c’est à dire que l’homme ne transmet pas son patronyme matrilinéaire.
Exemple de schémas des descendances :
Patrilinéaire
matrilinéaire bilinéaire
III-LES MOSSE
C’est le principal groupe social et le plus remarquable sur le
plan numérique. Le terme “Mossi” désigne une mosaïque de populations regroupées
au XVè, XVIè s dans le cadre des royaumes mossés issus d’un processus de conquête
dirigé par les groupes nakomsé (princes) originaires des regions Mapoussi-Dagomba
(Ghana). Les conquêtes ont été réalisées au dépend des peuples qui occupaient
les bassins superieurs des fleuves Nazinon et Nakambé.
Ces derniers sont les prénakomsés. Les prénakomsés sont
essentiellement du plateau Mossi. On a entre autre : les Gnongnosés, les
Sukomsés, les Gourounsis, certains Dogons, les Bissanas, les Kouroumbas, les
Ninsi.
Ont été intégrés aussi dans les mossés, les peuples immigrants
venus pendant le XVIIè et le XVIIIè siècle au mogho. Ce sont les Yaarsés, les Maramsés,
les Kambonsés… : ils sont les post nakomsés.
1- Origines et fondation des royaumes Mossis
Nous connaissons l’histoire des protomossis grâce aux Taricks
(sources arabes). Selon ces taricks, des mossis auraient existé dans la boucle
du Niger et leur histoire s’étale du XIIIè au XVIè. Ces Mossis sont appelés
protomossis. Ils auraient formés différents royaumes dénommés diamarê.
La question que nous nous posons est de savoir s’il existe ou non
des liens entre les protomossi et les mossis actuel (néomossi) venus de la région
de Gambaga au Ghana?
Deux groupes d’historiens se sont affrontés dans le but de trouver
une réponse à cette question, nous faisant ressortir deux thèses : la thèse classique,
et la thèse moderne.
Pour les tenants de la thèse classique : Louis TAUXIER, Maurice
DELAFOSSE, Léo FROBENUIS, l’histoire des royaumes Mossi doit être prise
en continuité entre les protomossis et les mossis modernes. Ils se sont appuyés
principalement sur les taricks pour affirmer que les Mossi actuels étaient
tout simplement les descendants des mushi dont parlent les textes arabes
;
M. DELAFOSSE affirme que le 1er roi
de Ouaga (Naba Oubri) aurait vecu entre 1050 et 1090 (XIè s).
Pour ces historiens c’est au compte de ces mossis qu’ils faut
verser les hauts faits du moyen (lutte contre l’empire du Mandingue, l’empire
Sonrhaï de Gao).
Pour eux, en 1337, les Mossis auraient pris la ville de Tombouctou
et en 1480, ils entrèrent à Wallata.
Les modernes sont ceux qui affirment qu’entre les protomossis et
les Mossis actuels il n’existe aucun lien. Il s’agirait pour eux, de deux
civilisations bien différentes.
Fage (1961) montre à travers les
traditions orales qu’il n’existe aucun lien entre les protomossis et les
néomossis. Il est soutenu par ECHENGBERG,
Michel IZARD et LEVTZION.
Pour ces derniers, les Mossis de la boucle du Niger proviennent d’une autre
lignée de chefs Mossé. Plusieurs arguments leur permettent d’étayer leur thèse
:
- Aucune tradition orale des royaumes Mossi actuels ne fait
mention des combats victorieux des ancêtres dans le Mali actuel.
- Les Mossi des Taricks (proto) seraient installés dans le nord et
ils seraient à l’Est de Tombouctou et de Wallata alors que les Mossi actuels
sont plus ou moins au sud-est de Tombouctou.
- Toutes les traditions orales admettent que les Mossis actuels
sont originaires de Gambaga, or c’est au XVè s que le royaume Mapoussi-Dagomba
fut installé (comme quoi on ne peut pas exister avant ses parents). De ces antagonismes
est née une 3ème thèse, celle du Pr. J.K. ZERBO, pour qui une synthèse est
possible entre les deux thèses. Il tente alors une conciliation entre ces
thèses : après les conquêtes de Tombouctou et de Wallata sans satisfaction de
richesse, les protomossis ont été attirés par les richesses du sud (l’or du
Ghana, Gaoua, Baoulé), ils trouvèrent le royaume Mapoussi- Dagomba et s’y
installèrent. Avec l’histoire de la princesse Yennega venue du Dagomba le Pr.
conclut que les protomossis à l’origine du royaume M-Dagomba sont les ancêtres
indirects des néomossis originaires du Gambaga et qui se sont installés à
Ouaga.
(Les protomossis sont à la recherche de richesse, après Tombouctou
et Wallata, ils se dirigent vers le sud pour s’enrichir, ils trouvent un royaume
riche et prospère et s’y installent en maîtres : ils sont les ancêtres
indirects des Mossis actuels originaires de Gambaga et qui se sont installés à
Ouagadougou.)
2)- la légende de la princesse Yennega ou Kadiogo ou Yananga.
Après un service rendu à un roi du Mali, le chasseur rouge
Tohajiyé épouse la princesse en récompense. De cette union naquit Kpogonoumbo unijambiste
qui épousera Solini, la fille de Daramani, roi gulmacéba. Ils eurent pour fils
le grand père de Ouédraogo (Naba Gbewa ou Nedega). Le roi Nedega engendra 4
fils (Zirili, Tossoubou, Ngmamtambou et Sitobou) et une fille. Les trois
derniers princes sont les fondateurs des trois principâux royaumes MDagomba
: Roy Mapoussi, Roy Namounbo, Roy Dagomba.
L’unique fille du roi est la princesse Yennega. Aimée et chérie
par son père pour sa beauté, son courage et sa connaissance de l’art de la
guerre, le roi refusait toutes les propositions de mariage. Lors d’une
bataille, la princesse fut emportée par son cheval emballé dans une grande
forêt qui était habitée par un chasseur d’éléphants d’origine mandingue
(Rialé). Leur union donna Ouédraogo = cheval mâle, étalon en souvenir du cheval
qui l’emporta devant la hutte de Rialé. Ouedraogo grandit et fut conduit vers
son grand père. Ce dernier l’aida à s’installer à Tenkodogo (origine des
différents royaumes mossés d’aujourd’hui).
3- Quel sont les principaux royaumes mossés
Royaume de Tenkodogo, le royaume de Ouagadougou , le royaume du
Yatenga, le royaume de Boussouma, le royaume du Mané, le royaume de Téma, le
royaume du Passoré (yako), le royaume Wargay, le royaume de Kouritenga, le
royaume du Konkistenga, le royaume de Kayaho, le royaume Bioungo, le royaume de
Boulsa, le royaume de Rissiame, le royaume de Zandoma (ils sont tous des
Nakomsés).
4- Les patronymes propres aux nakomsés :
Ouédraogo, Zoungrana, Kongo, Guigma, Nacoulma, Bilgo, Zida,
Yelkouni,
Doulkoum, Diendjéré, Kafando, Conombo, Combasséré, Ouangrawa,
Wibgo,
Belemnaba.
5- Les différents types de royaumes.
Les royaumes cités sont tous régis sur le plan politique par un
chef (Naaba). Il faut remarquer que les royaumes mossés sont différents les uns
des autres. On distingue ainsi plusieurs cultures administratives au niveau du
mogho pré colonial. Les royaumes entretiennent des relations cristallisées
autour des rapports biologiques séculaires. On distingue trois types de
royaumes, qui sont :
· Les dimas : dima de Ouaga,
Tenkodogo, Boussouma, Yatenga. Les dimas sont des royaumes indépendants et
égaux les uns des autres. Cependant une certaine préséance est accordée au
Mogho Naaba de Ouaga parce qu’il est assis sur le trône de Naaba Oubri. Maître
Pacéré Titinga in Ainsi on a assassiné tous les mossé, les
désigne par le terme « royaume ex-centralisé ». les rois à la tête de ces roy.
Sont désignés par une collège électoral.
· Les Dimbis qui sont des
circonscriptions territoriales à la tête desquelles sont placés les fils
directs des moronanamsés de Ouaga : dimbi de Tema, Kayaho, Konkistenga, Mané,
Yako. Ils se caractérisent par leur semi autonomie et représentaient les
entités coutumières indépendantes du point de vue organisation interne, mais dépendaient
territorialement d’autres rois. Maitre P.Titinga les appela « roy.
Decentralisés »
· Les kombembas : ce sont les royaumes
vassaux dont la nomination des chefs incombait aux suzerains (dima et dimbi).
Ils jouissaient d’une indépendance interne. Pacéré les applea « les vassaux ». Les
structures administratives mossés assimilés aux cantons et aux provinces durant
la période coloniale vont jusqu’aux villages et descendent même aux quartiers.
6-Organisation sociale des mossés
Sur le plan social, la société moaga est fortement structurée,
hiérarchisée, c’est un édifice remarquable. Cette hiérarchisation a conduit à
des différenciations sur le plan social. Nous distinguons trois principales
couches sociales établies selon la naissance :
- les nobles que l’on appelle nakomsé, nabissi, nanamsé ;
- les hommes libres qui sont les talsé ;
- les esclaves qui sont les yembsé.
M.IZARD distingue les mossé en gens du pouvoir et en gens de la
terre c’est à dire ceux qui règnent, ceux qui gouvernent par rapport à ceux qui
sont gouvernés.
IV LES GNONGNOSES
A l’arrivée des Nakomsé au XVè et XVIè s, le pays moaga actuel était
habité par plusieurs populations dont les sukomsés, les gourounsi, les
bissanas, les kouroumbas, les dogons, les ninsis, et les gnongnosés. Les
gnongnosés étaient un peuple d’agriculteur qui linguistiquement, historiquement
et culturellement sont distincts des autres nakomsés.
Ils sont appelés tengembissi (propriétaires de la terre,
autochtones). De nos jours, l’assimilation des conquérants a largement
contribué à altérer la tradition des populations prénakomsés. L’essentiel de
ces traditions ont été phagocytés par celles des nakomsés venus du M-Dagomba.
Il est difficile d’établir l’occupation exacte des pays moaga actuel à
l’arrivée des nakomsés.
Plusieurs hypothèses tentent cependant de trouver une réponse :
Pour un gnongnoga de pur sang, il affirme que son ancêtre serait
Guisga (fil) et sa femme Pendé (foulard) seraient descendu du ciel à Boâsa
pendant que le tonnerre grondait.
Pour Robert PAGEARD, l’ancêtre des gnongnosé est sorti de
terre et il s’appellerais tengpusmdé par définition, propriétaire de la terre.
M. DELAFOSSE, L TAUXIER, DIMDELOBSON, Kawada JUNZO ont essayé aussi
de trouver une justification à l’anterioté de ce peuple. Il en ressort en conclusion
qu’une incertitude plane sur les origines des gnongnosés. Selon Boutiller 45 %
de gnongnosés peuplent le pays moaga actuel. Ils sont présentés comme les véritables
propriétaires de la terre mogho, comme l’atteste cet adage « là où il y a un naba, il y a un
gnongnoga ».
Sans connaître leur origine exacte les gnongnosés ont essémé tout
le mogho à partir d’un certain nombre de centre de disperssion : Loumbila, Guiloungou,
Mankoudougou, Ziga, Koungoussi, Tangin-Dassouri, Komsilga, Bonsa.
Il est probable que le groupe que nous avons appelé gnongnosé, ne formait
pas un groupe homogène, ils sont par ailleurs tous des porteurs de houes.
Dans cette société il existe deux types de gnongnosés :
Les gnongnosés noirs ou de gnongnosés de naissance qui ne sont
soumis à aucun rite initiatique ils le sont par héritage direct et participent
aux différents rites dès leur plus jeune age ; ces derniers sont les détenteurs
des autels des ancêtres, les ‘kimsés’’.
Les Gnongnosés rouges ou Gnongnosés de conversions qui sont toute personne
qui par initiation à la pratique gnongnoga sans initialement appartenir à la
famille devient gnongnoga. Ils ne peuvent cependant pas être des chefs de terre
« Tingsoba ».
1-Comment reconnaître les Gnongnosés.
Nous les distinguons à travers leurs patronymes qui sont :
Sawadogo, Lalsaga, Nikièma, Sedgo, Nanema, Konseibo, Vocouma, Koutaba,
Belemnaba, Kabré, Rouamba, Zoungrana, Bounkoungou, Vocouma, Rapadamnaba… .
2-Oragansation socio-politique des Gnongnosés
La société gnongnoga était une société égalitaire, peu centralisée
où les membres jouissaient de même droits et devoirs. Dans cette société, outre
l’autorité gérontocratique, on peut noter des fonctions socio politique et religieuses.
Une des 1ères fonctions politiques est celle des maitres de la terre (Teng-soba).
Il est le 1er dignitaire du village et supervise et contrôle les terres du
village, il préside aux sacrifices tant propitiatoires que expiatoires. Il est
une personne crainte et très respectée dans le village, mais n’est cependant
pas à l’abri des lois, des us et des coutumes. Le Teng-soba possède des objets
cultuels qui sont le « Toabga » ou la hache à l’épaule et le « Rayagré » qu’il
tient à la main gauche.
Après le maître de terre, dans cette société vient le « Buud-kasma
», le patriarche qui est l’autorité au niveau familial. Leur mode de succession
relève de la gérontocratie. Ils sont inamovibles. Mais il existe un seul cas où
ils peuvent être démis de leur fonction : la folie. L’agriculture étant la
principale source sinon l’unique qui apporte des revenus le rôle du Teng-soba
est très important dans le domaine agricole. Il détermine les temps propices
aux semences par l’observation des astres en particulier la pléiade.
La femme du Teng-soba tout comme ce dernier intervient dans les
rites traditionnels en particulier ceux qui se sont fait pendant la grossesse,
le rite du port de la ceinture de feuilles. Elle est commise à la garde des «
kiimsés » (autel des ancêtres). Elle intervient aussi dans le cadre du mariage.
Les filles dans cette société se marient à des âges précis : 15 ; 17 ; 19 ; et
21 ans. La dot est à titre symoblique : des seko, des foulards et les travaux champêtres
des futurs beaux parents. Avant le mariage, on introduit la jeune dans la case
des « kiimsés » suivant la cérémonie des « segnego » qui consiste à présenter
la fille aux ancêtres.
3-Que sont ils devenus dans la société moaga actuel ?
Les structures traditionnelles gnongnoga ont été coiffées par
celle des Nakomsés et elles sont de ce fait reléguées à des rôles religieux.
Ils sont garants de l’ordre moral en temps que fils de terre, la terre étant
gardienne des valeurs et génératrice de toute nourriture. Ils jouent un rôle
important dans les rites funéraires car ils sont chargés de l’inhumation des
cadavres notamment de celui du Mogho Naba (ils sont ceux qui font la brèche
pour faire passer le corps de ce dernier). Les gnongnosés jouent par ailleurs
un rôle important dans le cadre du
Basga (fête de la famille du Mogho Naba).
V LES NINSI
Les prénakomsés n’avaient pas le même type d’organisation
politique. Les ninsi sont un peuple qui historiquement, linguistiquement et
culturellement sont différents des gnongnosés. Plusieurs hypothèses ont été
émises sur leur origine :
Dimdolobsom estime qu’ils sont idem aux gnongnosés dont ils sont
les ancêtres.
François IZARD estime qu’ils sont les ancêtres des Sans (samos)
qui parlent la langue maayar.
Quand à Robert PAGEARD, il leur attribue un ancêtre mythique dont
le nom de guerre serait Koumbemba d’où nous vient le nom de Koumbemb-tenga
donné à Ouaga avant l’arrivée de Naba Oubri.
Au stade actuel des recherches, on peut retenir que les ninsi sont
venus du Nord du BF, certains pensent à la region du Yatenga, d’autres à celle
de la Bandiagara au Mali. Les principaux centres occupés par les ninsi sont la
region de Ouaga, Pulimpikou, et Yako. On les trouve éparpillés dans tout le
pays moaga actuellement. Leurs zones de concentration sont : le Yatenga (Ouahigouya)
et l’Oubritenga (Ziniaré).
1-Principaux patronymes
Ilboudo, Tapsoba, Tiendrébeogo.
2-Organisation sociopolitique
Contrairement aux gnongnosés qui sont agriculteurs, les ninsi sont
un peuple guerrier ayant une organisation sociopolitique centralisée à l’instar
des nakomsés. Maitrisant la technique et l’exploitation du fer, ils
fabriquaient des armes et des outils aratoires. Ce n’est pas étonnant si l’histoire
nous apprend qu’ils dominaient leur voisin gnongnosés politiquement avant
l’arrivée des nakomsés. Selon la tradition orale, c’est contre les ninsi que
les gnongnosés ont fait appel aux nakomsés autre peuple guerrier venu du Sud et
qui étaient linguistiquement plus proche d’eux.
Sur le plan politique et social, contrairement aux gnongnosés, au
niveau de chaque village ninga, il y avait un chef qui exerçait un pouvoir
politique et religieux. Leur culte est basé sur la forge et le principal autel
de sacrifice est le « Kutugu ». Les objets cultuels du chef sont l’enclume «
Kisgré » et le marteau « Zâaré ». Les ninsi
ont censés avoir le pouvoir de chasser ou de faire tomber la foudre.
Actuellement dans la société moaga, ils sont devenus des puisatiers, des ferratiers
et des fossoyeurs.
Nous pouvons conclure que les gnongnosés et les ninsi ont « vécu ensemble
» avant l’arrivée des nakomsés. Ils ont au delà des rapports conflictuels,
entretenus des relations d’échanges commerciaux (les denrées alimentaires des
gnong contre la houe, la daba, la hache des ninsi). Dans la société moaga
actuelle, on a tendance à confondre ces deux peuples parce qu’ils ont été
conquis et domptés par les nakomsés.
VI LES GULMANCEBA.
Ils occupent la partie orientale du BF. Ils constituaient l’un des
principaux groupes ethniques qui s’investissent dans le système des sociétés à
organisation centralisée comme les Mossés, les Fulbés, les Gans.
Le terme Gourmantché au même titre que les samo, les dagaris, les siamous,
est une déformation coloniale de Gulmace qui fait au pluriel Gulmanceba.
A l’instar des peuples comme les mossé et les gourounsis, les
gulmanceba constituent le produit d’un brassage de plusieurs peuples, parmi
lesquels nous avons les Haoussas, les Moaga, les Kurumba, les Dogons… . Ils
constituent donc un mélange issu des tindamba (population autochtone) et des
burcimba ou bemba. Gumance etait donc à l’origine un nom générique qui
désignait un ensemble de population n’ayant en commun que leur implantation
dans un même espace géographique. Les populations les plus anciennement
installés sont les timdamba qui ne formaient pas un groupe homogène. On peut
déceler aujourd’hui des familles témoins représentant les principales
populations qui occupaient la région avant l’arrivée des bembas au XVè , XVIè
siècle. Parmi ces populations nous avons : les Tindano, les Natama, les
Massouri, les Ouoba, les Tindamba, les Tankama, les Berba, les Gnongnosés dans
le sud, les Dogons et des Kurumba dans le nord.
Les Bemba ou Burcimba sont en fait les descendants de Diaba LOMPO.
Ce sont des conquérants venus de la rive gauche du fleuve Niger de la ville de Kujabongou
au XVè , XVIè siècle. Les Bembas ont conquis une kyrielle de peuple de langue
Gulma. Les populations conquises ont cependant réussi à imposer leur langue aux
envahisseurs. Les conquêtes ont été à l’origine de la dispersion des différents
royaumes formés : les diéma qui sont indépendants les uns des autres même si
une certaine suprématie est accordée au chef de Fada (Nungbado) parce qu’il est
assis sur le trône de Diaba LOMPO. Les roy. Gulmaceba ont atteint leur apogée
au XVIIè s.
Sur le plan socio-politique, nous faisons des similitudes entre
les Mossé et les Gulmaceba. Tout comme chez les Mossé, les Gulmanceba ont trois
types de royaumes : les dynasties formées par les fils de D. LOMPO et les
diémas formés par les autochtones. Il existe des diéma indépendants et des
diéma vassaux.
L’ensemble des royaumes G. formait une sorte de confédération dans
laquelle le Nungbado (chef de Fada) était le « primus inter pares », le premier
parmi les semblables et son autorité est fonction de l’existence ou non des
liens de parenté avec les autres dynasties.
Chez les G. le pouvoir ou Bali est la propriété d’une famille
précise. Au même titre que le « Naâm », le Bali est immortel. Le roi est un
homme puissant, craint et est entouré de ministres (les Kombali) qui ne sont
pas de la famille royale.
La succession chez les G. n’est pas forcement de père en fils. A
la mort d’un chef, il y’a vacance de pouvoir. On fait appel à un neveu
(l’enfant de la fille du chef qui s’est mariée à un individu n’appartenant pas
à la famille royale) pour assurer l’intérim (pas plus de 7 jours). Ce neveu ne
peut pas prétendre à la chefferie car n’appartenant pas à la famille royale.
Dans d’autres royaumes, un ministre assure l’intérim. Il n’existe pas de
collège électoral mais une nomination. La nomination a lieu quand un seul
candidat arrive à s’imposer par la force non pas physique mais métaphysique. La
mort des autres candidats étant impérative.
Sur le plan social, la société G. est une société lignagère à
organisation centralisée. Chaque lignage (Buolu ; et Buubu chez les Mossi) a
ses signes d’identification sociale, ses patronymes, ses interdits, ses
scarifications.
Il n’existe pas de castes chez les G., les buolu ou bouli étant
assez nombreux. La société G. est cependant stratifiée :
Les dominants : nobles, burkibans, dominants ; (leur idéologie est qu’ils
pensent qu’ils sont faits pour dominer).
Les dominés : les esclaves (tikôra) et les roturiers (hommes libres, classe
des talmu) qui sont faits pour obéir. La société traditionnelle était
caractérisée par une double stratification sociale. La 1ère opposait les
dominants aux dominés et la 2nde opposait les talmu aux tikôra.
VII LES MIGRATIONS PEULHS ET LA FORMATION DES EMIRATS
Les Peuls ou Fulbés qui peuplent le Nord du BF forment en nombre
le deuxième groupe ethnique après les Mossés. Comme la plupart des peuples, les
Peulhs ne sont pas autochtones. Ils se sont installés dans le Nord à partie du XVès
et cela pour diverses raisons. Les traditions orales collectées par différents chercheurs
qui se sont intéressés aux Peulhs que se soit Amidou DIALLO, Daniel KINGS,
Koumba BARRY, sont unanimes sur les origines peulhs. Ils affirment qu’ils sont
originaires du Macina (Mali). Il est cependant difficile de déterminer avec
exactitude les dates de leur installation au BF.
Quand on parle des Peulhs, on parle d’un peuple d’éleveurs à la
recherche des conditions écologiques favorables à la pratique de l’élevage. Il
est donc naturel qu’on les retrouve dans le Sahel où ils occupent la zone
comprise entre le 14ème et le 15ème parallèle. Les Peulhs semble t – ils sont
partis du Haut Nil, du Fouta –Toro vers le VIIIè s. et ils ont opéré des regroupements
au cours des siècles le long de la bande sahélienne de l’Afrique Occidentale où
les conditions hydrographiques (eau, pâturages, moins de dangers pour les
animaux) sont favorables.
Dans ces mouvements d’ensemble ont émergé certains groupes qui ont
gagné le Nord du BF dans les régions du Jelgooji, de l’Oudalan, du Liptako, du Yaagha.)
vers le XVè s. De nombreuses colonies Fulbés arrivèrent par la suite par vagues
successives dans le Nord au XVIIè, XVIIIè s. S’ouvre alors la période nouvelle
avec les hégémonies Peulhs et la fondation des émirats.
Les territoires du nord étaient occupées par les Dogons, les
kurumbas et les Gulmanceba.
1-La formation des émirats
En ce qui concerne le liptako, la formation relève de cette
histoire : A leur arrivée, les fulbés cohabitaient pacifiquement avec les
autochtones.
Vinrent ensuite les intercations entre les peuls et les
Gulmanceba. Un prince G. a lapé le lait d’une femme peulh un jour de marché. La
femme s’étant plainte, elle fut enlevée et massacrée par les G. Les peuls se
soulevèrent pour venger leur fille et ainsi les G sont vaincus et repoussés. Selon
les traditions orales, au XVIIIè s, en 1705, vivaient dans la region de Berz
dans le Macina deux frères Birmani Saala Paaté et Hama. Ils se sont disputés le
pouvoir à la mort de leur père mais le collège electoral porta son choix sur
l’ainé Hama Paaté. Birmani regroupa un groupe de fulbé et décide de s’expatrier.
ce groupe de Feerobè après un long voyage arriva au Liptako. A leur arrivée
d’autres lignages étaient déjà présents, il s’agit des Jaloubès, des Wakambès,
des Kurojiibè, des Baabès. Tous ces lignages peulhs cohabitaient avec les
gulmaceba, en particulier le royaume de Koala.
Les traditions orales racontent qu’une femme peulh du village de
Jomga est allé au marché de koala où un chien appartenant à la cour royale G.
est venu boire à même la calebasse. La femme chassa le chien à coup de bâton.
Le chef des G. envoya la chercher. Elle fut ainsi rouée de coup et sa tête fut
rasée et enduite de potasse pour empêcher les cheveux de repousser. Quand les
Fulbés s’en sont rendus compte, ils s’organisèrent et entamèrent une bataille à
laquelle les G. ne s’y attendaient guère. Ils perdirent le combat (1827)
permettant ainsi aux Peuls de bien s’installer dans la zone.
2-Organisation politique des émirats du Liptako et du Jelgooji
Après la conquête du Liptako et du Jelgooji, nous avons des
lignages détenteurs du pouvoir central : les Ferobè pour le Liptako et les
Delgobè pour le Jelgooji. En ce qui concerne le Liptako, ce sont les
descendants de Birmani qui sont les détenteurs du pouvoir central. Leur 1er
émir fut Brahima Seydou.
A la vacance de pouvoir, tout Ferobè dont le père ou le grand père
a déjà été émir peut prétendre au pouvoir. Il y a ici à l’instar des Mossés un
collège électoral constitué par les anciens (les toorobè). Ils choisissent
l’élu en fonction de son assise social et de son poids économique. Pour ce
faire une enquête de moralité est menée au près de toute la société. Une fois
élu, le choix doit être légitimé par l’émir de Sokoto (le plus grand émirat).
Ainsi l’émir du Liptako dispose d’un pouvoir spirituel et d’un pouvoir temporel
(son épée représente le pouvoir temporel). Son intronisation coïncide avec le
vendredi (grand jour musulman).
3-Organisation sociale.
Sur le plan social, maints changements ont intervenu dans la
société Peul.
Elles sont notoires après les conquêtes et l’islamisation. Les
aristocraties guerrières ont entraîné une stratification de cette société.
Depuis l’implantation des émirats on a dans le nord plusieurs catégories
sociales :
Les privilégiés : les Jelgoobè dans le Jelgooji (capitale : Djibo)
et les Ferobè dans le Liptako. Le pouvoir donne droit à la richesse qui est
source de privilège.
Lors de leur accession au pouvoir, les émirs reçoivent des biens,
des dons (bétails), une partie du butin des razzias et le reste est attribué
aux autres aristocrates. Une partie revenait aussi au chef religieux de Dori.
L’émir prélève aussi la zakat sur les récoltes. A tout cela s’ajoutent les
multiples dons des commerçants da la contrée aux souverains.
Les autres peuls ont été exclus du pouvoir (les Talkaabè), ils
sont des bergers.
Certains de ces peuls sont devenus des agriculteurs.
Les esclaves ont plusieurs origines : les populations sédentaires rendus
esclaves après les conquêtes, les esclaves des contrées voisines, ceux achetés
des mains des commerçants mobiles venus souvent de loin (gourounsi, mossi,
bella…)
Le groupe des marginaux constituant le lot des artisans, les
griots, les forgerons (laobè)
Autres Emirats : Gorom-Gorom, Markoye, Oudalan.
VIII LES LOBIS
Les peuples du sud ouest du BF sont génériquement appelés Lobi.
Cette appellation dérive d’une confusion introduite par l’administration
coloniale dans son ignorance des réalités de cette région. Par la suite
d’imminents chercheurs et auteurs ont parlé « des tribus du rameau Lobi ».
En réalité le terme “Lobi” regroupe une multitude d’ethnies venues
pour la plus part du Ghana actuel par vague successives au XVè, XVIIIè et XIXè siècle.
Ces populations occupent de nos jours quatre provinces : le Ioba (chef lieu
Dano), la Bougouriba (Diébougou), le Poni (Gaoua), le Noumbièl (Batié).
Par ailleurs on retrouve des Lobis dans le Sissili (Léo).
Les “Lobi” forment 7% de la population voltaïque (1967). Les
principaux groupes “ Lobi ” sont :
Les Gans ou Kaaba (le seul groupe à avoir dans le sud ouest un roi
dans une société matrilinéaire. On est roi parce que son oncle maternel fut
roi).
Les Teguessiers ou Teese, les Lobis à proprement parlé, les
Birifors, les Djan ou Jaana, les Dagara-dioula, les Padoro, les Dogossè, les
Koulango, les Pougoulis, les Yeris.
Toutes ces populations se sont côtoyées, se sont mêlées et ont
vécu ensemble au cours des siècles de leur histoire aussi bien sur la rive
gauche que la rive droite de la Volta Noire (Mouhoun). Le fleuve tout comme la
montagne est des grands fétiches chez les “Lobi”.
A l’étape actuelle des connaissances historiques, les origines
exactes de ces populations ne sont pas bien connues en dehors du fait qu’ils viennent
du Ghana.
Nous en sommes encore à des hypothèses et à des conjonctures. On
peut cependant affirmer que ces populations partagent un patrimoine culturel commun
:
- Elles appartiennent à une même famille linguistique : langue du
groupe Gur et du sous groupe voltaïque qui se divise en deux petits groupes, le
groupe Otivolta et le groupe Lobiri.
- Les populations dites “ Lobi ” sont toutes animistes, ils
pratiquent le culte des ancêtres et de ce faite elles ont un panthéon très
riche.
- Similitude dans certaines pratiques coutumières (mariage,
funérailles, initiation,…)
- Les populations du sud ouest sont sans organisation politique
centralisée exceptées les Gans. Ce sont des sociétés à organisation lignagère
avec le système de la double descendance parentale (en même tant patrilinéaire
et matrilinéaire).
-Le style d’habitat est assez caractéristique : les habitas dans
cette région sont dites en nébuleuses (quinconces). Les maisons sont en forme
de forteresse, de château fort (soukala) exception faite des Gans. Les Maisons
ont par ailleurs des toits en terrasse alors que les maisons Gans sont sous
forme de concession avec des cases rondes et des toits en chaume.
Les “Lobi” sont des peuples jaloux de leur indépendance, de leur
liberté.
Ils se caractérisent par un esprit aigus de la liberté, de la
justice, de l’égalité, et un esprit de solidarité réciproque dans le style du “do
ut dès” (je te donne parce que tu me donnes).
Sur le plan économique, les peuples du sud ouest on vécu dans une
économie de subsistance, une certaine autarcie caractérisait ces peuples.
Sur le plan agricole, les méthodes culturales, les outils, les
produits sont idems.
Sur le plan de l’armement, des atouts vestimentaires, des
habitudes culinaires et capillaires, les méthodes sont idem.
Toutes les populations “Lobi” sont des populations sans masque mis
à part les Yeris.
1-Les mouvements migratoires des peuples du Sud-Ouest.
Les “Lobi” sont venus du Ghana au XVIIè, XVIIIè et XIXè siècle.
Ils sont venus par vague successives et pour des raisons diverses. Celles
évidentes sont entre autres : la recherche des terres fertiles et de
territoires giboyés (peuple agriculteur et chasseurs), la famine, les disettes,
les zones d’insécurité, les dynamiques et les dissensions internes.
Faute de toutes ces raisons, nous observons plusieurs
caractéristiques de migrations : celles dues à des causes économiques ou à des
causes de dynamiques internes. Elles s’effectuent généralement de façon
pacifique et par groupe réduit. Elles se font sous forme d’infiltrations
pacifiques et ont lieu sur des territoires déjà conquis par des congénères ou
des voisins. Nous avons aussi les migrations à caractère d’exode (groupe
énorme). Ces migrations révèlent un caractère conflictuel car les migrants
s’imposent aux autochtones.
« Le tableau ethnographique actuel suggère que la population de la
région de la Volta fut dans le passé en état de constant redistribution.
L’arrivée des uns entraînait le départ des autres, qui à leur tour repoussaient
les habitants des endroits où ils désiraient s’installer. ».
Dans cette localité, les mouvements migratoires ne sont pas encore
terminés, on a de fréquentes infiltrations jusqu’à nos jours, du fait de
l’absence des structures centralisées pour décider des migrations. Chaque
famille, chaque groupe peut du jour au lendemain pour des raisons diverses
décider de son départ.
Les populations les anciennement installés sont les Teguessiers et
les Koulango. Ils ont été assimilés par les autres à tel enseigne qu’il est
difficile de les considérer comme des groupes ethniques. Les Teguessiers
notamment sont les maîtres de la terre, ils président les sacrifices faits à la
terre. Ils sont considérés comme les maîtres incontestés des eaux et des terres
qu’ils ont occupées avant les autres. Ils procèdent aujourd’hui à
l’installation du fétiche de la terre matérialisée par la pierre sacrée, “ le
Dithil ”.
CONCLUSION GENERALE
Le Burkina Faso, fort de sa soixantaine d’ethnies a bénéficié
d’une brillante civilisation et d’une histoire riche faisant de ce pays
enclavé, le carrefour de l’Afrique de l’Ouest. L’histoire du peuplement des
terres est assez male connue mais on a recours aux mythes pour palier à cette
insuffisance.
La plupart des ethnies citées recouvre de grandes conglomérations
de populations qui à l’origine n’avait ni la même origine, ni les mêmes
coutumes et que les conquêtes seules ont rassemblé et unifié. La compénétration
des groupes constitutifs cités plus haut modela au cour des siècles l’histoire
du BF.
La cohésion sociale de ces ethnies s’explique en particulier par
la relation de la parenté à plaisanterie. En effet, il s’agit d’une forme de
socialisation qui concerne des individus issus de groupes sociaux distincts.
Son principe est de stimuler le conflit pour éviter d’entrer réellement dans
les faits avec les autres.
C’est une forme de communication socialement élaborée, basée sur
une affiliation parentale, ayant une fonction de dédramatisation, de
fraternisation et de socialisation.
Une volonté politique est de nos jours dirigée en ce sens à
travers les rencontres, les journées de palabres entre les parents à
plaisanterie et les journées de pardon et de solidarité.
Ce document est très riche.Il est Bien synthétisé,original et traite des questions humaines,d'économie,de politique ,de défense et de sécurité etc.Il serait opportun que chaque burkinabé le lise .Thomas SANKARA n'a t-il pas dit que l'homme doit connaître son passé pour comprendre son présent et construire son avenir?
RépondreSupprimerCe document est très riche.Il est Bien synthétisé,original et traite des questions humaines,d'économie,de politique ,de défense et de sécurité etc.Il serait opportun que chaque burkinabé le lise .Thomas SANKARA n'a t-il pas dit que l'homme doit connaître son passé pour comprendre son présent et construire son avenir?
RépondreSupprimerDocument de très belle facture. Hommage au Pr CLAUDE NOUROUKIOR SOMDA qui nous a tenu en HFS 1ère année de Sociologie. Bravo
RépondreSupprimerTrès riche .. J'adore
RépondreSupprimerUn tres bon document que chaque burkinabè doit lire car connaitre son passé comprendre le present et préparer le futur..
RépondreSupprimerTrès passionnant,mais je voudrais savoir celon vous historiens "Bellah" ethnie où caste?es-ce tout homme à la peau noir qui parle la langue tamasheq(berbère) fût forcément esclave ?
RépondreSupprimerTrès impressionnant ,bravo , félicitations! Best wishes! ça aide à mieux connaitre mon pays ! Barka ! Bark wousgo .
RépondreSupprimerTres tres riche
RépondreSupprimertrès prope , je vous remercie pour les efforts d'etudes fournies
RépondreSupprimerJ'ai vraiment admiré et cela pourra me servir d avantage pour mes recherche et pour plus de comprehension de l histoire de ces peuples
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerWaouh, Belle plume. J'ai adoré. j'ai su que j'étais pas nakomba mais prenakomba.merci monsieur on a besoin de ça pour connaître nos origines.
RépondreSupprimerBonjour, vous avez fait un excellent travail, vous êtes des vrais Burkinabés :)!! Merci et félicitations !!
RépondreSupprimerBonjour, vous avez fait un excellent travail, vous êtes des vrais Burkinabés :)!! Merci et félicitations !! Lazare Wangraoua
RépondreSupprimerWaw très formidable surtout pour nous les apprentis historiens. Courage à vous grand frère
RépondreSupprimerUn document très riche pour la connaissance du passé, merci à vous !
RépondreSupprimerCe document est propre pour la conscience collective
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