vendredi 18 mai 2012

Un peu D'histoire sur le peuple du Burkina


Sources :
_ cours d’histoire de 1ère année
_ bibliothèque de l’Assemblée Nationale
_ archives nationales
_ rapports de stages de 3ème année
_ mémoire de fin de cycle sur les Gnongnosés

En mémoire à mon imminent Professeur Feu Nurukyor Claude SOMDA
Qui anima ce cours avec beaucoup d’aisance et de passion positive.

Préparé et rédigé par :
Bougouma Roch Omar
Etudiant en 2ème année Sces Sociales (2007)
Departement de Sociologie.
01BP 1290 Ouaga 01 BF
+226.76.63.32.47 /

HISTOIRE DES FORMATIONS SOCIALES DU BURKINA FASO

INTRODUCTION GENERALE

Les contacts entre et l’Europe datent du XVè s jusqu’au XIX è s pendant les temps coloniaux. Les occidents ignoraient tout du continent noir car ils se sont contentés de faire du cabotage avec les peuples côtiers. Ils pensaient donc que l’Afrique toute entière vivait dans les ténèbres et que les noirs vivaient comme des barbares. Pour eux, ils apportaient de la lumière par le biais de la colonisation, à des peuples barbares et cannibales.

Antonio : « les africains vivaient comme des animaux on ne peut donc pas croire qu’ils se nourrissaient de la chaire humaine. » Le cœur de l’Afrique battait à peine renchérissaient d’autres.

Cette idée de l’Afrique sauvage, barbare, sans histoire a vécu longtemps Pr. Hugh Roper TREVOR : « Peut être que dans le futur il y’aura une histoire de l’Afrique à enseigner. Jusqu’à présent il n’y a que l’histoire des européens en Afrique, le reste n’est que ténèbres ».
Pr. M PERHAM : « jusqu’à la très récente pénétration européenne, la plus grande partie du continent africain était sans houille, sans charrue, sans maison en pierre, ni des vêtements exceptés ceux en peaux, sans écriture »
(Les ruines de Lorépéni à Gaoua dans le sud ouest du BF et les gravures rupestres dans les grottes de Banfora à l’Ouest démentent les dires de ce cher Pr.
L’Européocentrisme est justement cette conception selon laquelle les peuples du tiers monde en général, et de l’Afrique en particulier, n’ont pas d’histoire, la seule et la vraie histoire étant uniquement celle de l’Europe.
Les africains n’ont aucun complexe à nourrir par rapport à cette théorie. Si l’histoire se définit comme étant la résurrection du passé, l’Afrique noire en particulier et les peuples du tiers monde en général ont bel et bien une histoire.
Mieux l’Afrique a bénéficié d’une brillante civilisation dont certaines ont fait l’admiration du monde entier au Moyen âge :
- Empire Sonrhaï
- Empire Mandingue avec Kankan Moussa et son pèlerinage a la Mecque en 1324 accompagné de 500 esclaves tenant une canne en or chacun. Le cours de l’or baissa sur toute sa trajectoire pendant des décennies.
- Empire du Ghana
- Empire Dahomey
- La civilisation Egyptienne

Conception européocentrisme : point d’écriture, pas d’histoire.

Les preuves écrites ne sont pas les seules sources pour élaborer l’histoire. Elles sont des preuves parmi tant d’autres. Joseph Ki ZERBO historien burkinais disait que l’homme a rendu historique tout ce qu’il a touché de sa main créatrice depuis le bois le plus vulgaire jusqu’au bijou le plus précieux. Il en ressort donc que les matériaux pour élaborer l’histoire du BF sont multiples et variés.

I-                   LES MATERIAUX POUR ELABORER L’HISTOIRE DU B.F
L’histoire n’est pas une science immédiate, l’historien a besoin de recul pour savoir. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’histoire sans documents. Les documents servent de matériels pour cette élaboration. Les documents sont des témoignages, c’est à dire toute manifestation, toute preuve, tout reste du passé (poterie, cendre de foyer, ossements, pouvoir métaphysique)
En matière d’élaboration de l’histoire du BF, nous avons quatre sources principales : l’archéologie, les traditions orales, les sources écrites, les sources audio visuelle.

1-L’archéologie
C’est une source capitale qui révèle des civilisations entières et comme le dit le Pr. J.K.ZERBO, elle occupe une place de choix car vivant dans les strates de terrains lorsqu’on feuillette les livres du passé. Elle permet d’exhumer des civilisations entières.
Exemple : les nécropoles dans les villages de Gaoua et dans les régions de l’Oudalan
Les ruines de Lorépéni, les villages abandonnés (Banfora, Dano, Bobo,Arbinda…)
Les abris aménagés sur roches (les grottes de Beregadoudou)
Les falaises de Gobnangou, les grottes de Tempée (Diébougou)
Les gravures rupestres (Ouest du BF)
Par ailleurs nous avons plusieurs types de sites insolites au BF :
Le baobab sur la route de l’hôpital,
La chaîne sans fin de Naaba Kango
Les marches du cheval de Diaba LOMPO sur la colline
Les sites archéologiques d’extraction du fer, de l’or.

2-Les Traditions orales
Elles demeurent les principales sources de l’élaboration de l’histoire du BF. D’aucun affirment que sans elles, on ne peut élaborer une histoire valable. Elle se définissent comme étant l’ensemble de tous les témoignage transmises verbalement par un peuple sur son passé.
Les principaux détenteurs des TO, les traditionalistes, sont tous ceux qui ont vu et qui ont entendu et qui peuvent transmettre : les vieillards, les griots qui sont les détenteurs privilégiés pour l’avoir comme métier, les conteurs, les instituteurs, les musulmans lettrés, les gardiens des tombes royales, les chanteurs, les porteurs de légende, les chefs de terre, les maîtres d’initiation, les divins, les chefs de caste, les patriarches, les lignages patri-familiaux.
Amadou Hampaté BA disait en cela que : « En Afrique, chaque vieillard qui meurent est une bibliothèque qui brûle. »





3- les sources écrites.
Il y’a principalement trois sources :
- les sources précoloniales : elles sont peu abondantes au Burkina Faso et cela s’explique par l’enclavement du pays. Ces sources sont arabes et appelées Tarick, on a le Tarick El Soudan, le Tarick El Fita. Elles sont aussi rarement portugaises, espagnol. Aussi grâce aux explorateurs comme Binger, Henri Bat, Crusoé, nous avons certains écrits sur les Mossis et les prémossés.

- les sources coloniales : (1894-1960) pendant cette série plusieurs documents traitent de l’histoire du BF, ce sont principalement tous les textes administratifs émanant des commandants et des grades cercles

- les sources post coloniales qui sont très nombreuses. Etant donné la multiplicité des archives, l’université a contribué considérablement à cette époque à consolider l’histoire du pays en sources écrites à travers les thèses.

4- les sources audiovisuelles
Ce sont des sources qui émanent des nouvelles technologies : les cassettes, la radio, la télévision, les ordinateurs….


II-RECENSEMENT DES FORMATIONS SOCIALES DU B.F.
Les formations sociales du BF sont multiples et variées. Il existe une soixantaine de groupes ethniques. Nous avons :
1. Les Birifor
2. Les Bissana (4ème groupe)
3. Les Blé
4. Les Bobo-mandarin
5. Les Bolons
6. Les Burkinba
7. Les Bwabas (7ème groupe)
8. Les Dagara
9. Les Dagara-dioula
10. Les Dagara-lobr
11. Les Dagara-wilé
12. Les Djans
13. Les Dogons ou Kibsi
14. Les Dorhossiers
15. Les Fulbés ou Peulhs (2ème groupe)
16. Les Fulssés
17.Les Gans
18.Les Gnongnosés
19.Les Gouins ou les Cirimba
20.Les Gourounssi (5ème groupe)
21.Les Gulmancéba (3ème groupe)
22.Les Haoussé
23.Les Kambonsés
24.Les Kamolo
25.Les Karaboro
26.Les Kassena
27.Les Komono
28.Les Kossono
29.Les Koulambo
30.Les Kô
31.Les Kurumba
32.Les Lèla
33.Les Lobis

34.Les Maramsés,
35.Les Marassé
36.Les Marka ou Dafing
37.Les Mossés (1èr groupe en nombre)
38.Les Nabè
39.Les Nakana
40.Les Nakoro
41.Les Natchioro
42.Les Ninsi
43.Les Nionionsés
44.Les Nombassés
45.Les Padoro
46.Les Pana
47.Les Pougouli
48.Les Samogo
49.Les Sana (6ème groupe)
50.Les Sembla
51.Les Senoufo
52.Les Sénoufos
53.Les Siamou
54.Les Silmi-mossé
55.Les Sukomsé
56.Les Teguessier
57.Les Tiéfo
58.Les Toussiants
59.Les Turka
60.Les Vigués
61.Les Wara
62.Les Yaarsés,
63.Les Yana
64.Les Yéri
65.Les Zaossés
66.Les Zara…


A l’étape actuelle de nos connaissances historique, nous pouvons affirmer et établir des similitudes et des dissemblances entre les formations sociales du BF. Elles s’observent au plan géographique, au plan linguistique, au plan chronologique, au plan socio-politique, et culturel.

1-Sur le plan chronologique
Nous avons 3 groupes : les peuples autochtones, les peuples venus d’ailleurs et les populations hybrides.

- a) Les peuples autochtones ou peuples les plus anciennement installés occupaient leur territoire avant le XVè s (la limite des connaissances empêche de voir plus loin). Nous avons les Dogons, les Kurumba, les Gnongnosés, les Ninsi, les Sukomsé , les Sénoufo, les Bwaba, certains Bobo, les Gourounsi.
Nous avons aussi certains gulmaceba. Ce sont des peuples voltaïques.
L’histoire de la mise en place de ces peuples est male connue, donc l’homme dans son imagination a fait appel aux mythes et aux légendes pour justifier l’antériorité de ces peuples avant le XVè s.

- b) Les peuples récemment installés, ce sont des peuples allochtones qui ont occupés leur territoire géographique après le XVè s et sont d’origines diverses. Certains venus du Macina (Mali actuel) : les Yaarsés, les Sana, les Fulbé.
D’autres sont venus du Ghana actuel : les Mossi Nakomsé, les peuples du sud ouest du BF. D’autres par contre sont venus de l’Est : les Burkinba qui conquièrent le Gulma.

- c) Le brassage de ces peuples a engendré au cours de l’histoire de nouveaux groupes sociaux : ce sont les peuples hybrides. Qui sont devenus des entités à part entières : les Silmi-mosse, les Dagara-dioula, les Zara ou Bobodioula.

2- Sur le plan linguistique et géographique
Il existe aussi des ressemblances et des similitudes. Il y a par ailleurs plusieurs groupes linguistiques. Entre autres nous avons :
- a)  Le groupe Niger congo avec les langues Gur (Dagara, Lobiri) ou voltaïques, les langues Mandingue (Bissana, Bobo-sia, Bwamu, San).
- b) Les langues du groupe Nilo-saherien : le Djerma, le Sonrhï, le Tamachecque.
- c)  Les langues Chamito-semitique : le Berbère, le Tchadique ou Haoussa
- d)  Les langues des groupes non classés : le Karaboro, le Sinakélé, les langues
Ouest atlantique, les langues Kru, les langues Dogon
Les espaces géographiques ont été occupées soient culturellement ou administrativement

3- Sur le plan politique,
Les populations peuvent être regroupés en deux catégories à savoir, les sociétés à pouvoir centralisé et les sociétés sans pouvoir centralisé. Pour la première catégorie on a les Mossés, les Gans, les Gulmancéba, et les Fulbés. Dans ces sociétés le pouvoir est la propriété d’une famille, d’un clan. Il existe par conséquent une autorité centrale faisant office de décideurs sur toute la population.
Claudette SAVONNET : « les sociétés à pouvoir centralisé possèdent une autorité centralisée, un appareil administratif, des institutions judiciaires et ou les différentiations sociales reposent sur la richesse, les rangs, les statuts et les rôles, rendent compte de la distribution du pouvoir et de l’autorité. »
Quand au second groupe, ce sont tous les autres groupes sociaux. Ils sont cependant divisés en deux catégories :
« Les communautés villageoises » ou « civilisation du village ». Selon le Pr. Jean Capron ces concepts désignent une unité toute à la fois lignagère et territoriale. Le village produit des institutions démocratiques originales et permet l’apparition des formations socioprofessionnelles nées de la division du travail, de la spécialisation professionnelle. Dans ces sociétés, le village est intégré au cœur du paysage et est considéré comme l’entité politique par excellence. L’homme est un tissu social à deux dimensions : lignagère et
villageoise. Il s’agit des Bwaba, Bobo, Sans, Dogon, Marka. Son autonomie s’exprime dans ses relations amicales et conflictuelles avec ses voisins. Le sentiment d’appartenir à un village l’emporte sur celui d’appartenir à un lignage.
Le patrimoine géographique y est donc rigoureusement prôné.
Les sociétés lignagères, elles sont définies comme des sociétés où font défaut des attributs d’un gouvernement central et où, en l’absence de division tranchée de rang, de statut, et de richesse, la distribution du pouvoir et l’autorité obéit à des critères différents : l’age, le sexe, l’assise sociale de l’individu. Dans ces sociétés, le lien essentiel est la parenté, le patrimoine biologique est privilégié au dépend de celui géographique, l’unique source de l’autorité s’exerce sur les parents et réside dans la séniorité quand il s’agit d’un individu et à l’antériorité d’occupation quand il s’agit d’un lignage.
Par ailleurs il n’y a pas d’élection dans ces sociétés, c’est plutôt par cooptation, par primogéniture. Le choix des responsables n’incombant pas aux vivants. Ils croient fermement aux puissances surnaturelles, l’ordre de la société est établi par les ancêtres. Les responsables sont pour ainsi dire inamovibles, ce qui explique l’équilibre au niveau de la famille (chef de famille), au niveau du village (Teng-soaba), et au plan sous régional quand nous dépassons les villages, nous avons les devins, les oracles, les maîtres d’initiations. Nous rencontrons entre autres comme ethnies les Gnongnosés, Birifor, Lobi, Djan, Gourounsi, Gouin…. On les désigna par « société acéphale »

4-Sur le plan social,
On rencontre des sociétés patrilinéaires où l’enfant reçoit ses droits et devoirs de la famille de son père, des sociétés matrilinéaires dans lesquelles l’enfant hérite de sa mère (Gans, Karaboro, Gouins). Nous aussi des sociétés à double descendance parentale (surtout dans le sud ouest du pays : Lobi, Birifor, Dagara, Djan,…). Dans ce dernier système, la filiation est bilinéaire. La descendance maternelle ne se transmet uniquement que par les femmes, c’est à dire que l’homme ne transmet pas son patronyme matrilinéaire.
Exemple de schémas des descendances :
Patrilinéaire matrilinéaire bilinéaire

III-LES MOSSE
C’est le principal groupe social et le plus remarquable sur le plan numérique. Le terme “Mossi” désigne une mosaïque de populations regroupées au XVè, XVIè s dans le cadre des royaumes mossés issus d’un processus de conquête dirigé par les groupes nakomsé (princes) originaires des regions Mapoussi-Dagomba (Ghana). Les conquêtes ont été réalisées au dépend des peuples qui occupaient les bassins superieurs des fleuves Nazinon et Nakambé.
Ces derniers sont les prénakomsés. Les prénakomsés sont essentiellement du plateau Mossi. On a entre autre : les Gnongnosés, les Sukomsés, les Gourounsis, certains Dogons, les Bissanas, les Kouroumbas, les Ninsi.
Ont été intégrés aussi dans les mossés, les peuples immigrants venus pendant le XVIIè et le XVIIIè siècle au mogho. Ce sont les Yaarsés, les Maramsés, les Kambonsés… : ils sont les post nakomsés.



1- Origines et fondation des royaumes Mossis
Nous connaissons l’histoire des protomossis grâce aux Taricks (sources arabes). Selon ces taricks, des mossis auraient existé dans la boucle du Niger et leur histoire s’étale du XIIIè au XVIè. Ces Mossis sont appelés protomossis. Ils auraient formés différents royaumes dénommés diamarê.
La question que nous nous posons est de savoir s’il existe ou non des liens entre les protomossi et les mossis actuel (néomossi) venus de la région de Gambaga au Ghana?
Deux groupes d’historiens se sont affrontés dans le but de trouver une réponse à cette question, nous faisant ressortir deux thèses : la thèse classique, et la thèse moderne.
Pour les tenants de la thèse classique : Louis TAUXIER, Maurice DELAFOSSE, Léo FROBENUIS, l’histoire des royaumes Mossi doit être prise en continuité entre les protomossis et les mossis modernes. Ils se sont appuyés principalement sur les taricks pour affirmer que les Mossi actuels étaient tout simplement les descendants des mushi dont parlent les textes arabes ;
M. DELAFOSSE affirme que le 1er roi de Ouaga (Naba Oubri) aurait vecu entre 1050 et 1090 (XIè s).
Pour ces historiens c’est au compte de ces mossis qu’ils faut verser les hauts faits du moyen (lutte contre l’empire du Mandingue, l’empire Sonrhaï de Gao).
Pour eux, en 1337, les Mossis auraient pris la ville de Tombouctou et en 1480, ils entrèrent à Wallata.
Les modernes sont ceux qui affirment qu’entre les protomossis et les Mossis actuels il n’existe aucun lien. Il s’agirait pour eux, de deux civilisations bien différentes.
Fage (1961) montre à travers les traditions orales qu’il n’existe aucun lien entre les protomossis et les néomossis. Il est soutenu par ECHENGBERG,
Michel IZARD et LEVTZION. Pour ces derniers, les Mossis de la boucle du Niger proviennent d’une autre lignée de chefs Mossé. Plusieurs arguments leur permettent d’étayer leur thèse :
- Aucune tradition orale des royaumes Mossi actuels ne fait mention des combats victorieux des ancêtres dans le Mali actuel.
- Les Mossi des Taricks (proto) seraient installés dans le nord et ils seraient à l’Est de Tombouctou et de Wallata alors que les Mossi actuels sont plus ou moins au sud-est de Tombouctou.
- Toutes les traditions orales admettent que les Mossis actuels sont originaires de Gambaga, or c’est au XVè s que le royaume Mapoussi-Dagomba fut installé (comme quoi on ne peut pas exister avant ses parents). De ces antagonismes est née une 3ème thèse, celle du Pr. J.K. ZERBO, pour qui une synthèse est possible entre les deux thèses. Il tente alors une conciliation entre ces thèses : après les conquêtes de Tombouctou et de Wallata sans satisfaction de richesse, les protomossis ont été attirés par les richesses du sud (l’or du Ghana, Gaoua, Baoulé), ils trouvèrent le royaume Mapoussi- Dagomba et s’y installèrent. Avec l’histoire de la princesse Yennega venue du Dagomba le Pr. conclut que les protomossis à l’origine du royaume M-Dagomba sont les ancêtres indirects des néomossis originaires du Gambaga et qui se sont installés à Ouaga.
(Les protomossis sont à la recherche de richesse, après Tombouctou et Wallata, ils se dirigent vers le sud pour s’enrichir, ils trouvent un royaume riche et prospère et s’y installent en maîtres : ils sont les ancêtres indirects des Mossis actuels originaires de Gambaga et qui se sont installés à Ouagadougou.)

2)- la légende de la princesse Yennega ou Kadiogo ou Yananga.
Après un service rendu à un roi du Mali, le chasseur rouge Tohajiyé épouse la princesse en récompense. De cette union naquit Kpogonoumbo unijambiste qui épousera Solini, la fille de Daramani, roi gulmacéba. Ils eurent pour fils le grand père de Ouédraogo (Naba Gbewa ou Nedega). Le roi Nedega engendra 4 fils (Zirili, Tossoubou, Ngmamtambou et Sitobou) et une fille. Les trois derniers princes sont les fondateurs des trois principâux royaumes MDagomba
: Roy Mapoussi, Roy Namounbo, Roy Dagomba.
L’unique fille du roi est la princesse Yennega. Aimée et chérie par son père pour sa beauté, son courage et sa connaissance de l’art de la guerre, le roi refusait toutes les propositions de mariage. Lors d’une bataille, la princesse fut emportée par son cheval emballé dans une grande forêt qui était habitée par un chasseur d’éléphants d’origine mandingue (Rialé). Leur union donna Ouédraogo = cheval mâle, étalon en souvenir du cheval qui l’emporta devant la hutte de Rialé. Ouedraogo grandit et fut conduit vers son grand père. Ce dernier l’aida à s’installer à Tenkodogo (origine des différents royaumes mossés d’aujourd’hui).

3- Quel sont les principaux royaumes mossés
Royaume de Tenkodogo, le royaume de Ouagadougou , le royaume du Yatenga, le royaume de Boussouma, le royaume du Mané, le royaume de Téma, le royaume du Passoré (yako), le royaume Wargay, le royaume de Kouritenga, le royaume du Konkistenga, le royaume de Kayaho, le royaume Bioungo, le royaume de Boulsa, le royaume de Rissiame, le royaume de Zandoma (ils sont tous des Nakomsés).

4- Les patronymes propres aux nakomsés :
Ouédraogo, Zoungrana, Kongo, Guigma, Nacoulma, Bilgo, Zida, Yelkouni,
Doulkoum, Diendjéré, Kafando, Conombo, Combasséré, Ouangrawa, Wibgo,
Belemnaba.

5- Les différents types de royaumes.
Les royaumes cités sont tous régis sur le plan politique par un chef (Naaba). Il faut remarquer que les royaumes mossés sont différents les uns des autres. On distingue ainsi plusieurs cultures administratives au niveau du mogho pré colonial. Les royaumes entretiennent des relations cristallisées autour des rapports biologiques séculaires. On distingue trois types de royaumes, qui sont :
· Les dimas : dima de Ouaga, Tenkodogo, Boussouma, Yatenga. Les dimas sont des royaumes indépendants et égaux les uns des autres. Cependant une certaine préséance est accordée au Mogho Naaba de Ouaga parce qu’il est assis sur le trône de Naaba Oubri. Maître Pacéré Titinga in Ainsi on a assassiné tous les mossé, les désigne par le terme « royaume ex-centralisé ». les rois à la tête de ces roy. Sont désignés par une collège électoral.

· Les Dimbis qui sont des circonscriptions territoriales à la tête desquelles sont placés les fils directs des moronanamsés de Ouaga : dimbi de Tema, Kayaho, Konkistenga, Mané, Yako. Ils se caractérisent par leur semi autonomie et représentaient les entités coutumières indépendantes du point de vue organisation interne, mais dépendaient territorialement d’autres rois. Maitre P.Titinga les appela « roy. Decentralisés »

· Les kombembas : ce sont les royaumes vassaux dont la nomination des chefs incombait aux suzerains (dima et dimbi). Ils jouissaient d’une indépendance interne. Pacéré les applea « les vassaux ». Les structures administratives mossés assimilés aux cantons et aux provinces durant la période coloniale vont jusqu’aux villages et descendent même aux quartiers.

6-Organisation sociale des mossés
Sur le plan social, la société moaga est fortement structurée, hiérarchisée, c’est un édifice remarquable. Cette hiérarchisation a conduit à des différenciations sur le plan social. Nous distinguons trois principales couches sociales établies selon la naissance :
- les nobles que l’on appelle nakomsé, nabissi, nanamsé ;
- les hommes libres qui sont les talsé ;
- les esclaves qui sont les yembsé.
M.IZARD distingue les mossé en gens du pouvoir et en gens de la terre c’est à dire ceux qui règnent, ceux qui gouvernent par rapport à ceux qui sont gouvernés.

IV LES GNONGNOSES
A l’arrivée des Nakomsé au XVè et XVIè s, le pays moaga actuel était habité par plusieurs populations dont les sukomsés, les gourounsi, les bissanas, les kouroumbas, les dogons, les ninsis, et les gnongnosés. Les gnongnosés étaient un peuple d’agriculteur qui linguistiquement, historiquement et culturellement sont distincts des autres nakomsés.
Ils sont appelés tengembissi (propriétaires de la terre, autochtones). De nos jours, l’assimilation des conquérants a largement contribué à altérer la tradition des populations prénakomsés. L’essentiel de ces traditions ont été phagocytés par celles des nakomsés venus du M-Dagomba. Il est difficile d’établir l’occupation exacte des pays moaga actuel à l’arrivée des nakomsés.

Plusieurs hypothèses tentent cependant de trouver une réponse :

Pour un gnongnoga de pur sang, il affirme que son ancêtre serait Guisga (fil) et sa femme Pendé (foulard) seraient descendu du ciel à Boâsa pendant que le tonnerre grondait.
Pour Robert PAGEARD, l’ancêtre des gnongnosé est sorti de terre et il s’appellerais tengpusmdé par définition, propriétaire de la terre.
M. DELAFOSSE, L TAUXIER, DIMDELOBSON, Kawada JUNZO ont essayé aussi de trouver une justification à l’anterioté de ce peuple. Il en ressort en conclusion qu’une incertitude plane sur les origines des gnongnosés. Selon Boutiller 45 % de gnongnosés peuplent le pays moaga actuel. Ils sont présentés comme les véritables propriétaires de la terre mogho, comme l’atteste cet adage « là où il y a un naba, il y a un gnongnoga ».
Sans connaître leur origine exacte les gnongnosés ont essémé tout le mogho à partir d’un certain nombre de centre de disperssion : Loumbila, Guiloungou, Mankoudougou, Ziga, Koungoussi, Tangin-Dassouri, Komsilga, Bonsa.
Il est probable que le groupe que nous avons appelé gnongnosé, ne formait pas un groupe homogène, ils sont par ailleurs tous des porteurs de houes.
Dans cette société il existe deux types de gnongnosés :
Les gnongnosés noirs ou de gnongnosés de naissance qui ne sont soumis à aucun rite initiatique ils le sont par héritage direct et participent aux différents rites dès leur plus jeune age ; ces derniers sont les détenteurs des autels des ancêtres, les ‘kimsés’’.
Les Gnongnosés rouges ou Gnongnosés de conversions qui sont toute personne qui par initiation à la pratique gnongnoga sans initialement appartenir à la famille devient gnongnoga. Ils ne peuvent cependant pas être des chefs de terre « Tingsoba ».

1-Comment reconnaître les Gnongnosés.
Nous les distinguons à travers leurs patronymes qui sont : Sawadogo, Lalsaga, Nikièma, Sedgo, Nanema, Konseibo, Vocouma, Koutaba, Belemnaba, Kabré, Rouamba, Zoungrana, Bounkoungou, Vocouma, Rapadamnaba… .

2-Oragansation socio-politique des Gnongnosés
La société gnongnoga était une société égalitaire, peu centralisée où les membres jouissaient de même droits et devoirs. Dans cette société, outre l’autorité gérontocratique, on peut noter des fonctions socio politique et religieuses. Une des 1ères fonctions politiques est celle des maitres de la terre (Teng-soba). Il est le 1er dignitaire du village et supervise et contrôle les terres du village, il préside aux sacrifices tant propitiatoires que expiatoires. Il est une personne crainte et très respectée dans le village, mais n’est cependant pas à l’abri des lois, des us et des coutumes. Le Teng-soba possède des objets cultuels qui sont le « Toabga » ou la hache à l’épaule et le « Rayagré » qu’il tient à la main gauche.
Après le maître de terre, dans cette société vient le « Buud-kasma », le patriarche qui est l’autorité au niveau familial. Leur mode de succession relève de la gérontocratie. Ils sont inamovibles. Mais il existe un seul cas où ils peuvent être démis de leur fonction : la folie. L’agriculture étant la principale source sinon l’unique qui apporte des revenus le rôle du Teng-soba est très important dans le domaine agricole. Il détermine les temps propices aux semences par l’observation des astres en particulier la pléiade.
La femme du Teng-soba tout comme ce dernier intervient dans les rites traditionnels en particulier ceux qui se sont fait pendant la grossesse, le rite du port de la ceinture de feuilles. Elle est commise à la garde des « kiimsés » (autel des ancêtres). Elle intervient aussi dans le cadre du mariage. Les filles dans cette société se marient à des âges précis : 15 ; 17 ; 19 ; et 21 ans. La dot est à titre symoblique : des seko, des foulards et les travaux champêtres des futurs beaux parents. Avant le mariage, on introduit la jeune dans la case des « kiimsés » suivant la cérémonie des « segnego » qui consiste à présenter la fille aux ancêtres.
3-Que sont ils devenus dans la société moaga actuel ?
Les structures traditionnelles gnongnoga ont été coiffées par celle des Nakomsés et elles sont de ce fait reléguées à des rôles religieux. Ils sont garants de l’ordre moral en temps que fils de terre, la terre étant gardienne des valeurs et génératrice de toute nourriture. Ils jouent un rôle important dans les rites funéraires car ils sont chargés de l’inhumation des cadavres notamment de celui du Mogho Naba (ils sont ceux qui font la brèche pour faire passer le corps de ce dernier). Les gnongnosés jouent par ailleurs un rôle important dans le cadre du
Basga (fête de la famille du Mogho Naba).

V LES NINSI
Les prénakomsés n’avaient pas le même type d’organisation politique. Les ninsi sont un peuple qui historiquement, linguistiquement et culturellement sont différents des gnongnosés. Plusieurs hypothèses ont été émises sur leur origine :
Dimdolobsom estime qu’ils sont idem aux gnongnosés dont ils sont les ancêtres.
François IZARD estime qu’ils sont les ancêtres des Sans (samos) qui parlent la langue maayar.
Quand à Robert PAGEARD, il leur attribue un ancêtre mythique dont le nom de guerre serait Koumbemba d’où nous vient le nom de Koumbemb-tenga donné à Ouaga avant l’arrivée de Naba Oubri.
Au stade actuel des recherches, on peut retenir que les ninsi sont venus du Nord du BF, certains pensent à la region du Yatenga, d’autres à celle de la Bandiagara au Mali. Les principaux centres occupés par les ninsi sont la region de Ouaga, Pulimpikou, et Yako. On les trouve éparpillés dans tout le pays moaga actuellement. Leurs zones de concentration sont : le Yatenga (Ouahigouya) et l’Oubritenga (Ziniaré).

1-Principaux patronymes
Ilboudo, Tapsoba, Tiendrébeogo.

2-Organisation sociopolitique
Contrairement aux gnongnosés qui sont agriculteurs, les ninsi sont un peuple guerrier ayant une organisation sociopolitique centralisée à l’instar des nakomsés. Maitrisant la technique et l’exploitation du fer, ils fabriquaient des armes et des outils aratoires. Ce n’est pas étonnant si l’histoire nous apprend qu’ils dominaient leur voisin gnongnosés politiquement avant l’arrivée des nakomsés. Selon la tradition orale, c’est contre les ninsi que les gnongnosés ont fait appel aux nakomsés autre peuple guerrier venu du Sud et qui étaient linguistiquement plus proche d’eux.
Sur le plan politique et social, contrairement aux gnongnosés, au niveau de chaque village ninga, il y avait un chef qui exerçait un pouvoir politique et religieux. Leur culte est basé sur la forge et le principal autel de sacrifice est le « Kutugu ». Les objets cultuels du chef sont l’enclume « Kisgré » et le marteau « Zâaré ». Les ninsi  ont censés avoir le pouvoir de chasser ou de faire tomber la foudre. Actuellement dans la société moaga, ils sont devenus des puisatiers, des ferratiers et des fossoyeurs.
Nous pouvons conclure que les gnongnosés et les ninsi ont « vécu ensemble » avant l’arrivée des nakomsés. Ils ont au delà des rapports conflictuels, entretenus des relations d’échanges commerciaux (les denrées alimentaires des gnong contre la houe, la daba, la hache des ninsi). Dans la société moaga actuelle, on a tendance à confondre ces deux peuples parce qu’ils ont été conquis et domptés par les nakomsés.

VI LES GULMANCEBA.
Ils occupent la partie orientale du BF. Ils constituaient l’un des principaux groupes ethniques qui s’investissent dans le système des sociétés à organisation centralisée comme les Mossés, les Fulbés, les Gans.
Le terme Gourmantché au même titre que les samo, les dagaris, les siamous, est une déformation coloniale de Gulmace qui fait au pluriel Gulmanceba.
A l’instar des peuples comme les mossé et les gourounsis, les gulmanceba constituent le produit d’un brassage de plusieurs peuples, parmi lesquels nous avons les Haoussas, les Moaga, les Kurumba, les Dogons… . Ils constituent donc un mélange issu des tindamba (population autochtone) et des burcimba ou bemba. Gumance etait donc à l’origine un nom générique qui désignait un ensemble de population n’ayant en commun que leur implantation dans un même espace géographique. Les populations les plus anciennement installés sont les timdamba qui ne formaient pas un groupe homogène. On peut déceler aujourd’hui des familles témoins représentant les principales populations qui occupaient la région avant l’arrivée des bembas au XVè , XVIè siècle. Parmi ces populations nous avons : les Tindano, les Natama, les Massouri, les Ouoba, les Tindamba, les Tankama, les Berba, les Gnongnosés dans le sud, les Dogons et des Kurumba dans le nord.
Les Bemba ou Burcimba sont en fait les descendants de Diaba LOMPO. Ce sont des conquérants venus de la rive gauche du fleuve Niger de la ville de Kujabongou au XVè , XVIè siècle. Les Bembas ont conquis une kyrielle de peuple de langue Gulma. Les populations conquises ont cependant réussi à imposer leur langue aux envahisseurs. Les conquêtes ont été à l’origine de la dispersion des différents royaumes formés : les diéma qui sont indépendants les uns des autres même si une certaine suprématie est accordée au chef de Fada (Nungbado) parce qu’il est assis sur le trône de Diaba LOMPO. Les roy. Gulmaceba ont atteint leur apogée au XVIIè s.
Sur le plan socio-politique, nous faisons des similitudes entre les Mossé et les Gulmaceba. Tout comme chez les Mossé, les Gulmanceba ont trois types de royaumes : les dynasties formées par les fils de D. LOMPO et les diémas formés par les autochtones. Il existe des diéma indépendants et des diéma vassaux.
L’ensemble des royaumes G. formait une sorte de confédération dans laquelle le Nungbado (chef de Fada) était le « primus inter pares », le premier parmi les semblables et son autorité est fonction de l’existence ou non des liens de parenté avec les autres dynasties.
Chez les G. le pouvoir ou Bali est la propriété d’une famille précise. Au même titre que le « Naâm », le Bali est immortel. Le roi est un homme puissant, craint et est entouré de ministres (les Kombali) qui ne sont pas de la famille royale.
La succession chez les G. n’est pas forcement de père en fils. A la mort d’un chef, il y’a vacance de pouvoir. On fait appel à un neveu (l’enfant de la fille du chef qui s’est mariée à un individu n’appartenant pas à la famille royale) pour assurer l’intérim (pas plus de 7 jours). Ce neveu ne peut pas prétendre à la chefferie car n’appartenant pas à la famille royale. Dans d’autres royaumes, un ministre assure l’intérim. Il n’existe pas de collège électoral mais une nomination. La nomination a lieu quand un seul candidat arrive à s’imposer par la force non pas physique mais métaphysique. La mort des autres candidats étant impérative.
Sur le plan social, la société G. est une société lignagère à organisation centralisée. Chaque lignage (Buolu ; et Buubu chez les Mossi) a ses signes d’identification sociale, ses patronymes, ses interdits, ses scarifications.
Il n’existe pas de castes chez les G., les buolu ou bouli étant assez nombreux. La société G. est cependant stratifiée :
Les dominants : nobles, burkibans, dominants ; (leur idéologie est qu’ils pensent qu’ils sont faits pour dominer).
Les dominés : les esclaves (tikôra) et les roturiers (hommes libres, classe des talmu) qui sont faits pour obéir. La société traditionnelle était caractérisée par une double stratification sociale. La 1ère opposait les dominants aux dominés et la 2nde opposait les talmu aux tikôra.


VII LES MIGRATIONS PEULHS ET LA FORMATION DES EMIRATS
Les Peuls ou Fulbés qui peuplent le Nord du BF forment en nombre le deuxième groupe ethnique après les Mossés. Comme la plupart des peuples, les Peulhs ne sont pas autochtones. Ils se sont installés dans le Nord à partie du XVès et cela pour diverses raisons. Les traditions orales collectées par différents chercheurs qui se sont intéressés aux Peulhs que se soit Amidou DIALLO, Daniel KINGS, Koumba BARRY, sont unanimes sur les origines peulhs. Ils affirment qu’ils sont originaires du Macina (Mali). Il est cependant difficile de déterminer avec exactitude les dates de leur installation au BF.
Quand on parle des Peulhs, on parle d’un peuple d’éleveurs à la recherche des conditions écologiques favorables à la pratique de l’élevage. Il est donc naturel qu’on les retrouve dans le Sahel où ils occupent la zone comprise entre le 14ème et le 15ème parallèle. Les Peulhs semble t – ils sont partis du Haut Nil, du Fouta –Toro vers le VIIIè s. et ils ont opéré des regroupements au cours des siècles le long de la bande sahélienne de l’Afrique Occidentale où les conditions hydrographiques (eau, pâturages, moins de dangers pour les animaux) sont favorables.
Dans ces mouvements d’ensemble ont émergé certains groupes qui ont gagné le Nord du BF dans les régions du Jelgooji, de l’Oudalan, du Liptako, du Yaagha.) vers le XVè s. De nombreuses colonies Fulbés arrivèrent par la suite par vagues successives dans le Nord au XVIIè, XVIIIè s. S’ouvre alors la période nouvelle avec les hégémonies Peulhs et la fondation des émirats.
Les territoires du nord étaient occupées par les Dogons, les kurumbas et les Gulmanceba.

1-La formation des émirats
En ce qui concerne le liptako, la formation relève de cette histoire : A leur arrivée, les fulbés cohabitaient pacifiquement avec les autochtones.
Vinrent ensuite les intercations entre les peuls et les Gulmanceba. Un prince G. a lapé le lait d’une femme peulh un jour de marché. La femme s’étant plainte, elle fut enlevée et massacrée par les G. Les peuls se soulevèrent pour venger leur fille et ainsi les G sont vaincus et repoussés. Selon les traditions orales, au XVIIIè s, en 1705, vivaient dans la region de Berz dans le Macina deux frères Birmani Saala Paaté et Hama. Ils se sont disputés le pouvoir à la mort de leur père mais le collège electoral porta son choix sur l’ainé Hama Paaté. Birmani regroupa un groupe de fulbé et décide de s’expatrier. ce groupe de Feerobè après un long voyage arriva au Liptako. A leur arrivée d’autres lignages étaient déjà présents, il s’agit des Jaloubès, des Wakambès, des Kurojiibè, des Baabès. Tous ces lignages peulhs cohabitaient avec les gulmaceba, en particulier le royaume de Koala.
Les traditions orales racontent qu’une femme peulh du village de Jomga est allé au marché de koala où un chien appartenant à la cour royale G. est venu boire à même la calebasse. La femme chassa le chien à coup de bâton. Le chef des G. envoya la chercher. Elle fut ainsi rouée de coup et sa tête fut rasée et enduite de potasse pour empêcher les cheveux de repousser. Quand les Fulbés s’en sont rendus compte, ils s’organisèrent et entamèrent une bataille à laquelle les G. ne s’y attendaient guère. Ils perdirent le combat (1827) permettant ainsi aux Peuls de bien s’installer dans la zone.

2-Organisation politique des émirats du Liptako et du Jelgooji
Après la conquête du Liptako et du Jelgooji, nous avons des lignages détenteurs du pouvoir central : les Ferobè pour le Liptako et les Delgobè pour le Jelgooji. En ce qui concerne le Liptako, ce sont les descendants de Birmani qui sont les détenteurs du pouvoir central. Leur 1er émir fut Brahima Seydou.
A la vacance de pouvoir, tout Ferobè dont le père ou le grand père a déjà été émir peut prétendre au pouvoir. Il y a ici à l’instar des Mossés un collège électoral constitué par les anciens (les toorobè). Ils choisissent l’élu en fonction de son assise social et de son poids économique. Pour ce faire une enquête de moralité est menée au près de toute la société. Une fois élu, le choix doit être légitimé par l’émir de Sokoto (le plus grand émirat). Ainsi l’émir du Liptako dispose d’un pouvoir spirituel et d’un pouvoir temporel (son épée représente le pouvoir temporel). Son intronisation coïncide avec le vendredi (grand jour musulman).

3-Organisation sociale.
Sur le plan social, maints changements ont intervenu dans la société Peul.
Elles sont notoires après les conquêtes et l’islamisation. Les aristocraties guerrières ont entraîné une stratification de cette société. Depuis l’implantation des émirats on a dans le nord plusieurs catégories sociales :
Les privilégiés : les Jelgoobè dans le Jelgooji (capitale : Djibo) et les Ferobè dans le Liptako. Le pouvoir donne droit à la richesse qui est source de privilège.
Lors de leur accession au pouvoir, les émirs reçoivent des biens, des dons (bétails), une partie du butin des razzias et le reste est attribué aux autres aristocrates. Une partie revenait aussi au chef religieux de Dori. L’émir prélève aussi la zakat sur les récoltes. A tout cela s’ajoutent les multiples dons des commerçants da la contrée aux souverains.
Les autres peuls ont été exclus du pouvoir (les Talkaabè), ils sont des bergers.
Certains de ces peuls sont devenus des agriculteurs.
Les esclaves ont plusieurs origines : les populations sédentaires rendus esclaves après les conquêtes, les esclaves des contrées voisines, ceux achetés des mains des commerçants mobiles venus souvent de loin (gourounsi, mossi, bella…)
Le groupe des marginaux constituant le lot des artisans, les griots, les forgerons (laobè)
Autres Emirats : Gorom-Gorom, Markoye, Oudalan.

VIII LES LOBIS
Les peuples du sud ouest du BF sont génériquement appelés Lobi. Cette appellation dérive d’une confusion introduite par l’administration coloniale dans son ignorance des réalités de cette région. Par la suite d’imminents chercheurs et auteurs ont parlé « des tribus du rameau Lobi ».
En réalité le terme “Lobi” regroupe une multitude d’ethnies venues pour la plus part du Ghana actuel par vague successives au XVè, XVIIIè et XIXè siècle. Ces populations occupent de nos jours quatre provinces : le Ioba (chef lieu Dano), la Bougouriba (Diébougou), le Poni (Gaoua), le Noumbièl (Batié).
Par ailleurs on retrouve des Lobis dans le Sissili (Léo).
Les “Lobi” forment 7% de la population voltaïque (1967). Les principaux groupes “ Lobi ” sont :
Les Gans ou Kaaba (le seul groupe à avoir dans le sud ouest un roi dans une société matrilinéaire. On est roi parce que son oncle maternel fut roi).
Les Teguessiers ou Teese, les Lobis à proprement parlé, les Birifors, les Djan ou Jaana, les Dagara-dioula, les Padoro, les Dogossè, les Koulango, les Pougoulis, les Yeris.
Toutes ces populations se sont côtoyées, se sont mêlées et ont vécu ensemble au cours des siècles de leur histoire aussi bien sur la rive gauche que la rive droite de la Volta Noire (Mouhoun). Le fleuve tout comme la montagne est des grands fétiches chez les “Lobi”.
A l’étape actuelle des connaissances historiques, les origines exactes de ces populations ne sont pas bien connues en dehors du fait qu’ils viennent du Ghana.
Nous en sommes encore à des hypothèses et à des conjonctures. On peut cependant affirmer que ces populations partagent un patrimoine culturel commun :
- Elles appartiennent à une même famille linguistique : langue du groupe Gur et du sous groupe voltaïque qui se divise en deux petits groupes, le groupe Otivolta et le groupe Lobiri.
- Les populations dites “ Lobi ” sont toutes animistes, ils pratiquent le culte des ancêtres et de ce faite elles ont un panthéon très riche.
- Similitude dans certaines pratiques coutumières (mariage, funérailles, initiation,…)
- Les populations du sud ouest sont sans organisation politique centralisée exceptées les Gans. Ce sont des sociétés à organisation lignagère avec le système de la double descendance parentale (en même tant patrilinéaire et matrilinéaire).
-Le style d’habitat est assez caractéristique : les habitas dans cette région sont dites en nébuleuses (quinconces). Les maisons sont en forme de forteresse, de château fort (soukala) exception faite des Gans. Les Maisons ont par ailleurs des toits en terrasse alors que les maisons Gans sont sous forme de concession avec des cases rondes et des toits en chaume.
Les “Lobi” sont des peuples jaloux de leur indépendance, de leur liberté.
Ils se caractérisent par un esprit aigus de la liberté, de la justice, de l’égalité, et un esprit de solidarité réciproque dans le style du “do ut dès” (je te donne parce que tu me donnes).
Sur le plan économique, les peuples du sud ouest on vécu dans une économie de subsistance, une certaine autarcie caractérisait ces peuples.
Sur le plan agricole, les méthodes culturales, les outils, les produits sont idems.
Sur le plan de l’armement, des atouts vestimentaires, des habitudes culinaires et capillaires, les méthodes sont idem.
Toutes les populations “Lobi” sont des populations sans masque mis à part les Yeris.

1-Les mouvements migratoires des peuples du Sud-Ouest.
Les “Lobi” sont venus du Ghana au XVIIè, XVIIIè et XIXè siècle. Ils sont venus par vague successives et pour des raisons diverses. Celles évidentes sont entre autres : la recherche des terres fertiles et de territoires giboyés (peuple agriculteur et chasseurs), la famine, les disettes, les zones d’insécurité, les dynamiques et les dissensions internes.
Faute de toutes ces raisons, nous observons plusieurs caractéristiques de migrations : celles dues à des causes économiques ou à des causes de dynamiques internes. Elles s’effectuent généralement de façon pacifique et par groupe réduit. Elles se font sous forme d’infiltrations pacifiques et ont lieu sur des territoires déjà conquis par des congénères ou des voisins. Nous avons aussi les migrations à caractère d’exode (groupe énorme). Ces migrations révèlent un caractère conflictuel car les migrants s’imposent aux autochtones.
« Le tableau ethnographique actuel suggère que la population de la région de la Volta fut dans le passé en état de constant redistribution. L’arrivée des uns entraînait le départ des autres, qui à leur tour repoussaient les habitants des endroits où ils désiraient s’installer. ».
Dans cette localité, les mouvements migratoires ne sont pas encore terminés, on a de fréquentes infiltrations jusqu’à nos jours, du fait de l’absence des structures centralisées pour décider des migrations. Chaque famille, chaque groupe peut du jour au lendemain pour des raisons diverses décider de son départ.
Les populations les anciennement installés sont les Teguessiers et les Koulango. Ils ont été assimilés par les autres à tel enseigne qu’il est difficile de les considérer comme des groupes ethniques. Les Teguessiers notamment sont les maîtres de la terre, ils président les sacrifices faits à la terre. Ils sont considérés comme les maîtres incontestés des eaux et des terres qu’ils ont occupées avant les autres. Ils procèdent aujourd’hui à l’installation du fétiche de la terre matérialisée par la pierre sacrée, “ le Dithil ”.

CONCLUSION GENERALE
Le Burkina Faso, fort de sa soixantaine d’ethnies a bénéficié d’une brillante civilisation et d’une histoire riche faisant de ce pays enclavé, le carrefour de l’Afrique de l’Ouest. L’histoire du peuplement des terres est assez male connue mais on a recours aux mythes pour palier à cette insuffisance.
La plupart des ethnies citées recouvre de grandes conglomérations de populations qui à l’origine n’avait ni la même origine, ni les mêmes coutumes et que les conquêtes seules ont rassemblé et unifié. La compénétration des groupes constitutifs cités plus haut modela au cour des siècles l’histoire du BF.
La cohésion sociale de ces ethnies s’explique en particulier par la relation de la parenté à plaisanterie. En effet, il s’agit d’une forme de socialisation qui concerne des individus issus de groupes sociaux distincts. Son principe est de stimuler le conflit pour éviter d’entrer réellement dans les faits avec les autres.
C’est une forme de communication socialement élaborée, basée sur une affiliation parentale, ayant une fonction de dédramatisation, de fraternisation et de socialisation.
Une volonté politique est de nos jours dirigée en ce sens à travers les rencontres, les journées de palabres entre les parents à plaisanterie et les journées de pardon et de solidarité.

17 commentaires:

  1. Ce document est très riche.Il est Bien synthétisé,original et traite des questions humaines,d'économie,de politique ,de défense et de sécurité etc.Il serait opportun que chaque burkinabé le lise .Thomas SANKARA n'a t-il pas dit que l'homme doit connaître son passé pour comprendre son présent et construire son avenir?

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  2. Ce document est très riche.Il est Bien synthétisé,original et traite des questions humaines,d'économie,de politique ,de défense et de sécurité etc.Il serait opportun que chaque burkinabé le lise .Thomas SANKARA n'a t-il pas dit que l'homme doit connaître son passé pour comprendre son présent et construire son avenir?

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  3. Document de très belle facture. Hommage au Pr CLAUDE NOUROUKIOR SOMDA qui nous a tenu en HFS 1ère année de Sociologie. Bravo

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  4. Un tres bon document que chaque burkinabè doit lire car connaitre son passé comprendre le present et préparer le futur..

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  5. Très passionnant,mais je voudrais savoir celon vous historiens "Bellah" ethnie où caste?es-ce tout homme à la peau noir qui parle la langue tamasheq(berbère) fût forcément esclave ?

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  6. Très impressionnant ,bravo , félicitations! Best wishes! ça aide à mieux connaitre mon pays ! Barka ! Bark wousgo .

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  7. très prope , je vous remercie pour les efforts d'etudes fournies

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  8. J'ai vraiment admiré et cela pourra me servir d avantage pour mes recherche et pour plus de comprehension de l histoire de ces peuples

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  9. Waouh, Belle plume. J'ai adoré. j'ai su que j'étais pas nakomba mais prenakomba.merci monsieur on a besoin de ça pour connaître nos origines.

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  10. Bonjour, vous avez fait un excellent travail, vous êtes des vrais Burkinabés :)!! Merci et félicitations !!

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  11. Bonjour, vous avez fait un excellent travail, vous êtes des vrais Burkinabés :)!! Merci et félicitations !! Lazare Wangraoua

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  12. Waw très formidable surtout pour nous les apprentis historiens. Courage à vous grand frère

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  13. Un document très riche pour la connaissance du passé, merci à vous !

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  14. Ce document est propre pour la conscience collective

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